La Belle Journée de Thomas Gaubiac
Une scène circulaire avec un parcours tout rose une pelouse vert pistache, deux transats posés devant un mur de maison avec son hublot qui fait penser à la porte du garage de Mon Oncle, le film de Jacques Tati. Deux femmes, une blonde, une rousse, écoutent la merlette chanter. […] deux femmes donc, "enfermées dans un système qu’elles ont construit", leur système bonheur. Deux femmes qui n’ont pas rencontré l’amour, ou qui sont passées à côté, un couple qui joue sur les oppositions : ce qui produit le rire.
Bertrand Arbogast
L’Echo Républicain - annonce du jeudi 30 septembre 2010
Les Demoiselles de Rochefort s’invitent chez Tati
Le premier regard posé sur la scène accroche. Du vert, du rose, de la rondeur – ce décor circulaire on le dirait tout droit extrait d’un film de Jacques Tati. Aux premiers mouvements et répliques des comédiennes, une autre référence s’impose tant les deux personnages ressemblent aux Demoiselles de Rochefort. "Elles ont pris un peu d’âge" s’amuse le metteur en scène.
Trop parfait, trop coloré, trop lisse, ce cercle apparaît comme un véritable vase clos dans lequel deux femmes vivent leurs solitudes. Dans cet espace confiné, imperméable à tout ce qui vient de l’extérieur, les deux personnalités que tout oppose décident de vivre une belle journée. "Enfermées dans un système où ne règne que l’artifice." Vivre ou non une belle journée ne se choisit pas selon le metteur en scène.
Gwenaël Baptista
L’Echo Républicain - article du jeudi 30 septembre 2010
Une Belle Journée mise en scène par Thomas Gaubiac
[…] Thomas Gaubiac, une signature à part entière, est également un regard particulier qui irise les œuvres qu’il travaille comme un peintre le ferait de sa toile… L’esthétisme léché dont il a usé sur le Dindon de Feydeau, illustre parfaitement le concept qu’il se fait du spectacle dans une approche personnelles parfois même singulière. "Il laisse les mots faire leur travail, […] Il y a toujours de la délicatesse sur le plateau".
Karine de Robaulx
La République du Centre – article du jeudi 30 septembre 2010
Meung-sur-Loire : Une belle journée à la Fabrique
"Une belle journée", la pièce de théâtre jouée samedi soir, à la Fabrique, a ravi le public.
Une fois le rideau levé, les deux actrices Marion Maret et Catherine Vuillez, telles des demoiselles de Rochefort, investissent la scène, par des pas de danse saccadés avant de s’installer dans leurs chaises turquoise pour un échange de plus d’une heure. Cette heure, c’est une journée qui s’écoule pour ces deux femmes, l’une blonde, enthousiaste et angoissée, et l’autre, rousse, lucide et sombre. Deux personnages qui ont peur, "victimes responsables d’un système aliénant et mortifère où l’on ne sait pas aimer, on ne le peut pas ou on ne le veut pas". Leur journée est rythmée par "la voix".
A saluer la performance incroyable des actrices, le travail de Thomas Gaubiac qui transporte le public dans un univers sans psychologie, dans un décor géométrique clos, aux couleurs pastels, "filtres révélateurs de la solitude des êtres sans amours".
Nathalie Pradeleix
La République du Centre – article du lundi 24 janvier 2011
Le bonheur en trompe l’œil
Vert, bleu, rose : les couleurs chatoyantes du décor et des costumes des comédiennes donnent une impression de fraîcheur et de sérénité. Mais Une belle journée, la pièce de Noëlle Renaude qui est jouée depuis hier soir et jusqu’à samedi à l’espace Soutine de Lèves est un trompe l’œil. La mise en scène de Thomas Gaubiac prend volontairement les tons pastels d’une ironie douce afin de forcer le trait de la dérision. Deux femmes – sont-elles sœurs, amies ou amantes ? – peu importe, elles ont décidé de passer une belle journée. Mais derrière la méthode Coué sourde une mélodie qui n’est pas celle du bonheur.
C’est l’histoire de deux solitudes enfermées dans un système qu’elles ont fabriqué" explique le metteur en scène. "C’est une sorte de système mortifère dans lequel les deux personnages rêvent leur vie" ajoute-t-il.
Pendant une heure et dix minutes, ces femmes sans âge naviguent entre le bonheur qu’elles croient vivre et le drame qu’elles se cachent : "Tout est question de point de vue. De surdité et/ou d’aveuglement. On peut être heureux au milieu d’un champ de bataille." Lit-on dans le programme.
Bien que le sujet traité soit grave, l’humour est présent : "Moi je ris, note Thomas Gaubiac, les gens qui ont vu la pièce aussi."
Le metteur en scène a choisi d’habiller les comédiennes comme les demoiselles de Rochefort. Une tenue contrastant avec la profonde tristesse de ces femmes qui n’ont jamais connu l’amour et dont le manque rend aigres et méchantes. Dans cette ambiance morose, une petite fleur blanche pousse sur la pelouse où évoluent les excellentes Catherine Vuillez et Marion Maret. La nature reprend toujours ses droits.
Gérald Massé
L’Echo Républicain - article du vendredi 15 octobre 2010